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10/12/1465 La France a un incroyable métier - Croque-mort


La France a un incroyable métier – Croque-mort

Paris (AAP) - En ces temps de Noël qui sentent le sapin, notre brave journaliste à croquer est de retour pour un entretien mortel. Non, il ne cherche pas à se vanter (et d’ailleurs on ne sait toujours pas pourquoi il parle de lui à la troisième personne), mais fait un coup d’essai (décès !) pour introduire son article avec des jeux de mots d’enfer. Oui, aujourd’hui, nous faisons la rencontre d’une croque-mort ! Préparez-vous donc à lire un article qui va faucher vos préjugés.

AAP : Croque-mort, donc. Il y a quelque chose d'à la fois un peu grotesque dans le terme, et également de quelque peu effrayant. Croquer les morts... Vous n'avez pas de tendances cannibales, j'espère ? (Il rit nerveusement)

Marvailh : (riant aussi) Non, rassurez-vous. Ce n'est que superstition. Avec les progrès sans cesse croissants de la médecine, rien de tel pour vérifier qu'un être vit que de prendre simplement son pouls, n'est-ce pas ? Mais les gens s'attendent à ce petit geste, de croquer un doigt de pied du mort, alors certains d'entre nous le font toujours. Ça fait partie du folklore et ça justifie notre salaire, vous voyez ?

AAP : Ah, oui... Le folklore. Croquer des pieds de cadavre. C'est, ahah, hum. Oui, donc, après cela, une fois que votre mort est bien mort, qu'en faites-vous ?

Marvailh : La première étape, la plus dure, est celle du transport jusqu'à mon atelier. Généralement, les gens n'aiment pas trop voir un membre de leur famille défunt se faire trimbaler dans les escaliers, passer les portes souvent avec difficulté, pour finir à l'arrière de ma charrette. Alors je leur demande de patienter dans une pièce calme, et surtout loin de mon trajet. Je travaille seule, mais j'arrive toujours à engager des jeunes pour m'aider. Un corps pèse lourd, mais un corps mort, c'est très lourd. Et puis, j'aime bien voir les jeunes hommes au travail (Elle cligne de l'œil). Une fois que le défunt est installé dans ma charrette, je l'emmène chez moi, oui je travaille chez moi, et je le prépare pour la cérémonie. Il faut conserver le corps au maximum, ou au moins donner l'illusion qu'il le soit. J'utilise tout un tas de produits aux noms compliqués, à base de plantes et de craie. L'idée, c'est de le rendre presque vivant, comme simplement endormi. Bien sûr, personne n'est dupe, mais c'est toujours plus agréable que de voir du noir apparaître un peu partout sur la peau, n'est-ce pas ? Bien entendu, une protection est obligatoire pour éviter de devoir m'enterrer moi-même, haha ! Hem... Je me lave les mains avant et après chaque ingrédient différent, je porte un masque et une blouse. Même mort naturellement, un cadavre est une source incroyable de vermine, vous voyez, et si on ne prend pas les précautions adéquates, ça peut vite tourner au drame. L'opération du soin au mort a aussi pour but d'empêcher que cette vermine ne se répande, notamment pendant la cérémonie avec toute la famille présente.

AAP : Pourquoi transporter le corps chez vous ?

Marvailh : Eh bien, bien que pour les gens, le respect aux morts soit très important, ils n'aiment pas vraiment leur compagnie. Voir quelqu'un maquiller feu leur père ou leur mère dans leur salon les fait souvent faire demi-tour d'un air dégoûté, ou, pour les jeunes filles, carrément tourner de l’œil. C'est comme ça. Ils passent leur vie à dire à leurs proches qu'ils les aiment, mais quand il faut leur donner un dernier petit soin, c'est comme si on les forçait à plonger les mains dans le purin. C'est triste, mais c'est comme ça.

AAP : Hum, je vois. Et ensuite, que se passe-t-il ?

Marvailh : Ensuite, et bien, il y a la cérémonie, les prières, les discours, et puis la mise en terre, tout ça, enfin, vous savez. En tant que charpentière, je fabrique moi-même les cercueils. J'en ai en réserve, pour les familles les plus démunies, mais les familles riches me commandent la plupart du temps du sur-mesure. Des fois, j'ai des commandes farfelues, comme par exemple, une dame qui souhaitait un cercueil en forme de Y pour sa belle-fille décédée. Je ne pouvais pas refuser, vous voyez, elle l'a payé le double de son prix... Je n'ai pas cherché le fin mot de l'histoire, mais cette commande me fait toujours rire quand j'y pense ! J'espère qu'elle a aussi fait rire le Très-Haut...

AAP : Oui, c'est pour le moins original... Mais tenez, puisque vous mentionnez le Très-Haut, parlons-en ! Votre rôle auprès des morts prend nécessairement en compte la religion, j'imagine ? Quels sont les liens que vous pouvez entretenir avec les curés par exemple ?

Marvailh : Question épineuse, Arnauld. Nous sommes malheureusement dans un royaume libre, et chacun peut croire ou non en la puissance du Très-Haut (Elle secoue la tête et soupire). Personnellement, j'y crois. Et je considère ceux qui ne partagent pas cet avis comme de pauvres âmes perdues. Ils sont bien plus nombreux qu'on ne le pense. Tout ça pour vous répondre que mes liens avec les curés peuvent différer selon ma clientèle. Pour les croyants, il y a un curé à la cérémonie. Enfin, s'ils ne sont pas occupés à confesser ou à absoudre les péchés des gens, bien sûr ! C'est devenu un vrai souci quotidien, cette histoire, hein ? Enfin bref. Pour les non-croyants, évidemment, il n'y a pas de curé. Les religieux sont généralement compréhensifs, et ils tiennent compte des croyances des défunts et de leurs familles. Après, mon cas est celui d'une simple femme qui ne cherche qu'à éviter que les cadavres s'entassent dans les rues. J'ai des collègues autrement plus étranges, qui, eux, ont certainement des problèmes avec la religion et ses représentants. Leurs pratiques sont moins... plus... enfin, disons qu'ils effrayent facilement les enfants, quoi.

AAP : Du croque-mort au croque-mitaine... Rassurant ! Dites-moi, comment vous êtes-vous retrouvée à exercer ce métier ? Par vocation, par défaut ? Quel type d'apprentissage avez-vous suivi ?

Marvailh : Je suis complètement autodidacte. Vous avez, quand on aime la bière, on aime toutes les bières (Rires). Non, sérieusement, j'habitais Brest à l'époque, au début des années cinquante, et un jour, j'ai trouvé un cadavre que quelqu'un avait posé devant le portail du cimetière, comme ça, là. Ne trouvant pas ça hygiénique du tout, je l'ai traîné à l'intérieur, j'ai creusé un trou et je l'y ai déposé, avant de le recouvrir de terre. Il n'a pas eu de cercueil, ni d'hommage, ni de pierre tombale. Je n'ai même jamais su son nom. J'ai juste voulu éviter qu'il ne répande une épidémie dans la ville. Vous savez, c'est surtout pour ça que je fais ce métier. Je suis aussi des études de médecine à côté, et on nous y apprend que les cadavres laissés à l'air libre peuvent faire des ravages sur les vivants. Et puis, je trouve que ces deux métiers se combinent bien. Rien ne se perd, tout se transforme, après tout !

AAP : C'est très juste... En fait, derrière l'image assez lugubre de votre profession, il y a un véritable altruisme. Quelles autres qualités faut-il, selon vous, pour être un bon croque-mort ? Avoir le cœur bien accroché, sans doute ? Le vôtre ne se soulève jamais quand vous manipulez des morts peu ragoûtants ?

Marvailh : Oui, c'est tout à fait ça, de l'altruisme ! Vous savez, des collègues, j'en ai croisé quelques-uns, et tous sont bien différents. Il y a les ésotériques, les pragmatiques et les compatissants. Je fais partie des pragmatiques : si on ne fait rien, le corps pourrit, contamine son environnement, et c'est la misère pour les médecins après. Les ésotériques se prennent pour la Grande Faucheuse, ils s'habillent de noir, portent une capuche, ont des tics de langage, enfin, vous voyez. Ce sont ceux qui font peur aux enfants dont je vous parlais tout à l'heure. Les compatissants, eux, ce sont les plus rares, ceux qui se préoccupent vraiment du bien-être des familles des défunts, qui les rassurent, les réconfortent. Donc, finalement, il n'y a pas de qualité propre au croque-mort, chacun trouve de quelle façon rendre son rôle unique. Les gens ont tendance à vous regarder étrangement quand vous leur dites votre métier, alors, je pense qu'aimer la vie en solitaire est un plus. Oui, avoir le cœur bien accroché, c'est sûr que c'est indispensable, bien qu'une personne qui ne l'a pas ne choisira de toute façon pas cette voie ! Pour ma part, la première fois, je vous avoue que j'ai bien cru ne pas pouvoir finir de le préparer. Mais je me suis blindée assez vite, et puis je suis une habituée des champs de bataille, alors des morts, vous savez, j'en vois beaucoup. Et puis, s'ils sont pris en charge suffisamment tôt, finalement, ils ont juste l'air de gens endormis ! Bon, froids, blafards et dégageant une forte odeur, certes. Disons qu'ils ressemblent à des gens endormis dans la rue en hiver après une longue soirée alcoolisée !

AAP : C'est presque poétique. Je pense que votre témoignage va vraiment contribuer à changer le regard de beaucoup - et moi le premier - sur votre métier. N'est-ce pas ? Mais il me semble qu'on a à peu près fait le tour. Voulez-vous ajouter quelque chose avant de conclure cet échange ?

Marvailh : Ma foi, je ne vois qu'une chose. J'espère en effet que le regard des gens changera, et j'espère même, qui sait, avoir convaincu des gens de se lancer dans cette carrière. Nous sommes peu nombreux, et il y a tant de vivants en sursis, surtout en cette saison ! Pour la santé de la France, enterrez vos morts. Ou brûlez-les, je sais qu'il y en a encore qui exercent ces rites païens, peu importe. C'est important !

AAP : A bon entendeur ! Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions.

******

Cet entretien aura-t-il fait naître une nouvelle vocation chez vous ? A défaut, il vous aura peut-être inspiré l’envie de participer, vous aussi, à la F.A.I.M ! Continuez d’écrire à Arnauld Cassenac (IG : Arnauld) pour partager avec vos concitoyens l’expérience de votre métier !

Arnauld, pour l’AAP

Cours

Product Price Variation
Loaf of bread 4.56 -0.28
Fruit 9.92 0
Bag of corn 3.7 0.87
Bottle of milk 9.48 0.11
Fish 20.26 0.06
Piece of meat 12.25 0.13
Bag of wheat 10.89 -0
Bag of flour 12.88 1.64
Hundredweight of cow 20.53 0.33
Ton of stone 10.44 -0
Half-hundredweight of pig 15.41 0.05
Ball of wool 10.86 -0.14
Hide 16.32 -0.06
Coat 49.5 0
Vegetable 9.38 -0.18
Wood bushel 4.19 0.08
Small ladder 20.18 0
Large ladder 68.02 0
Oar 20 -0
Hull 36.49 0
Shaft 8.16 -0.14
Boat 99.33 0.63
Stone 18.32 -0.11
Axe 150.74 0
Ploughshare 38.44 0
Hoe 30 0
Ounce of iron ore 11.52 0.2
Unhooped bucket 21.88 0
Bucket 37.73 0
Knife 17.89 0
Ounce of steel 49.04 -0.06
Unforged axe blade 53.91 0
Axe blade 116.44 0
Blunted axe 127.79 -2.51
Hat 53.38 0.08
Man's shirt 119.57 0.12
Woman's shirt 121.14 0
Waistcoat 141.4 0
Pair of trousers 74.61 -0.09
Mantle 257.82 0
Dress 265.04 -0.2
Man's hose 45.63 -0
Woman's hose 44.32 0
Pair of shoes 27.53 -0.01
Pair of boots 86.57 0
Belt 45.2 -0
Barrel 12.02 0
Pint of beer 0.82 0
Barrel of beer 66.51 2.5
Bottle of wine 1.66 0
Barrel of wine N/A N/A
Bag of hops 19.34 0
Bag of malt 10 0
Sword blade 101.19 0
Unsharpened sword 169.69 0
Sword 146.48 -0.07
Shield 36.91 0
Playing cards 73.55 -0
Cloak 180.72 0
Collar 68.35 -0.06
Skirt 135.35 0
Tunic 222.36 0
Overalls 115.73 0
Corset 117.2 0
Rope belt 53.86 0
Headscarf 60.73 0
Helmet 164.91 0
Toque 48.61 0
Headdress 79.65 0
Poulaine 64.02 0
Cod 11.36 0
Conger eel 12.81 0
Sea bream 18.31 0
Herring 17.43 0
Whiting 17.42 0
Skate 12.16 0
Sole 18.11 0
Tuna 12.51 0
Turbot 18.02 0
Red mullet 16.53 0
Mullet 12.47 -0
Scorpionfish 20.5 0
Salmon 16.51 0
Arctic char 12 0
Grayling 14.77 0
Pike 17.6 0
Catfish N/A N/A
Eel 15.09 0
Carp 17.98 0.03
Gudgeon 17.68 -0.04
Trout 17.51 0
Pound of olives 13.38 0
Pound of grapes 9.18 0
Sack of barley 10.67 0
Half-hundred weight of goat carcasses 18.99 0
Bottle of goat's milk 12.81 0
Tapestry 143.6 0
Bottle of olive oil 121.94 -0
Jar of agave nectar N/A N/A
Bushel of salt 19.89 0
Bar of clay 3.43 -0
Cask of Scotch whisky 93.32 -0
Cask of Irish whiskey 131.27 0
Bottle of ewe's milk 10.57 0
Majolica vase 10 0
Porcelain plate N/A N/A
Ceramic tile N/A N/A
Parma ham 84.97 0
Bayonne ham 34.65 -0
Iberian ham 70.28 0
Black Forest ham 54.72 0
Barrel of cider 51.16 0
Bourgogne wine 76.22 0
Bordeaux wine 60.89 0.31
Champagne wine 141.21 -5.25
Toscana wine 33.69 0
Barrel of porto wine 87.44 0
Barrel of Tokaji 163.71 0
Rioja wine 159.19 0
Barrel of Retsina 36.79 -0
Pot of yoghurt 85.17 -0
Cow's milk cheese 77.07 0
Goat's milk cheese 85.06 2.5
Ewe's milk cheese 52.26 0
Anjou wine 50.88 -0
Ewe carcass 15.03 0
Mast 456.7 0
Small sail 215.71 0
Large sail 838.79 0
Tumbler of pulque N/A N/A
Jar of pulque N/A N/A