Morat (AAP) - 26 mars 1470. Ceste semaine a eu lieu le traditionnel Tournoy de Lutte Gymnopédique de Genève, vingtième du nom. C'est à Morat, dans un cadre enchampestre et chanteur situé à vingt lieues au nord-ouest de Fribourg que se sont réunis près de cent-cinquante participants (un record ? peut-être bien) venus des quatre coins des Royaumes et des environs immédiats, à fins de se foutre sur la gueule dans le respect des règlements ancestraux de la traditionnelle lutte helvète underground.

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Il s'agit, rappellons-le, de s'organiser en groupes simples ne pesant pas plus de dix poincts de charge, quel que soit le nombre d'éléments constitutifs, ce qui laisse la possibilité de participer ensemble à Blanche-Neige et aux Sept Nains, mais pas aux Douze Salopards, et de s'opposer les uns aux autres, deux nuicts de suite, selon les principes du brigandage ordinaire. On a pu noter la présence de plusieurs italiens et de quelques angloys, donnant à la compétition une connotation tout à faict Rotary Club. On pourrait penser que ce genre d'amusement ne concerne que les brigands de profession. Détrompez-vous, il n'en est rien, les vrais brigands sont plutôt minoritaires, la plupart des combattants étant des embourgeois qui viennent là pour s'encanailler, et faire "comme si" en toute légalité, sans risquer pour autant le procès qui fait tâche sur le curriculum (les vrais brigands les attendrons sur le chemin du retour). A noter aussi la présence de deux chasseurs de brigands (Brigandslayers, en termes techniques), venus avec l'intention affichée de tailler des croupières à la racaille, mais qui n'a obtenu qu'un résultat négligeable.

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Il n'y a pas eu d'incident majeur à déplorer, si ce n'est, la première nuict, la présence d'un groupe constitué à quinze poincts de charge, ce qui est fort irrégulier et constituerait une tricherie considérable si l'on ne comptait poinct sur l'immanence de la Justice Divine. Ces vils truqueurs ont donc pris la dérouillée qu'ils méritaient au premier combat, et ont déserté la place sans plus moufter. Sans blague ! On a pu noter aussi la présence d'un candidat porteur d'un concept novateur. Il s'agissait de se présenter seul, donc avec seulement cinq points de charge, et de compter sur le bonus alloué en théorie par le péché d'envie pour réussir ses brigandages sans coup férir. Las, il y avait une faille dans son raisonnement initial, et ce candidat a été laissé pour mort dans la gadoue après sa cinquième raclée consécutive, mais il est possible qu'une fois le concept amélioré (par exemple en l'appliquant à un groupe à dix poincts de charge), il puisse donner des résultats appréciables. Nous verrons si, au cours des années prochaines, le Tournoy se révèle estre le véritable laboratoire de l'Innovation qu'Il mérite d'estre. Nous déplorons également un mort, le Sieur Theblackwolf, condoléances à la famille, mais c'est l'Jeu, ma pôv' Lucette.

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Sur le plan purement sportif, la Victoire est revenue à l'équipe composée de Lothilde, comtoise réglée comme une horloge, et Muscade, genevoise à la précision suisse, qui ont su attendre leur Heure pour l'emporter avec cinq victoire et deux défaites. Il semble toutefoys que les défaites aient compté double dans les chairs et les esprits, car malgré leur triomphe, elles nous ont déclaré : "Nous sommes l'une comme l'autre totalement hagardes, couvertes de gnons et autres blessures, les guibolles à peine capables de nous porter et, cerise sur le gâteau, nous n'avons plus rien à manger et plus la moindre piécette dans nos bourses. On peut dignement parler de Bérézina". Une Bérézina, peut-être, mais pas une Bérézina en période de débacle. Vous pourez lire par ailleurs la suite du palmarès dans votre quotidien régional. Car seule la Victoire est belle, comme on dict.

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Pour finir, remercions les autorités locales pour leur accueil parfait, et lançons un triple "Hourra !" à nostre Cher Amy, le fort chenu Mestre du Jeu Izaac, qui malgré son âge avancé arrive encore à tenir à peu près les comptes sans trop de planter dans ses calculs, mais baste, nous lui pardonnerons quelques erreurs minimes, car l'important, comme dira l'Autre dans quelques siècles, l'important, c'est de participer sans trop faire la gueule quand on perd. Izaac, c'est nostre Père Fouras à nous, il est un peu gâteux, mais il faict bien dans le décor.

Alors à l'année prochaine ? Chiche ?


Praséodyme Gazélec, pigiste stagiaire à la KAP, envoyée spéciale.

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