Genève (AAP) — À ceux qui persistent à croire que « rien ne se passe » à la Tagsatzung, l’affaire Cunor vient une fois de plus leur donner tort. Entre argent conservé, mandats de sauvegarde, communications officielles et accusations de brigandage, les rebondissements s’enchaînent autour de l’héritage laissé par le notable helvétique Cunor.

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Retour sur les faits : Suite à l’incendie de Berne et aux risques pesant sur les finances publiques, les autorités avaient décidé de répartir d’urgence une partie de l’héritage de Cunor, soit 135 000 thalers, entre trois figures cantonales : Donwokas (Lucerne), Echned (Schwyz) et Lordhammer (Soleure), à raison de 45 000 chacun. Ces mandats de sauvegarde visaient à mettre les fonds à l’abri. Si Donwokas et Lordhammer ont confirmé la restitution de leur part au Trésor fédéral, Echned, lui, a tardé à effectuer ce retour, ce qui a soulevé interrogations et suspicions.

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Interrogé sur la situation, Echned a publié une prise de position officielle. Il y reconnaît détenir encore les 45 000 thalers mais insiste sur la légitimité de son mandat : « Il est vrai que je conserve encore 45 000 thalers provenant de l’héritage de Cunor. Dès que la Confédération en aura besoin ou les réclamera, ils seront immédiatement transférés au Trésor. Je m’y engage par ma parole et mon intégrité. » Selon lui, si cette tâche lui a été confiée, c’est précisément en raison de sa fiabilité. Il affirme que la somme est prête à être restituée dès demande officielle.

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La situation a pris un tour inattendu après la publication de l’état de la caisse fédérale dans la KAP. Le bailli Orgetorix a ordonné un nouveau vidage des coffres pour redistribuer à nouveau 45 000 thalers, via un mandat de sauvegarde daté du 18 avril 1473. Le mandat, enregistré sous le numéro 2290345, précise que ces fonds sont confiés dans le but de sécuriser les liquidités de la Confédération, et qu’ils devront être restitués sur simple demande. Un détail intrigue : cinq potions de type « tisane non médicinale » sont également listées dans l’inventaire, avec obligation de retour. Faut-il y voir une clause symbolique, une précaution logistique voire une pratique thérapeutique douteuse ? Le mystère reste entier.

Orgetorix, l'édile schwyzois et bailli de la Confédération helvétique n’a pas manqué de réagir, accusant notre rédaction d’avoir mis en péril la sécurité des fonds confédéraux en publiant leur état. Il estime que la transparence affichée incite au brigandage, et justifie ainsi la dispersion immédiate des sommes. Une sortie qui ne manque pas d’interroger : faut-il cacher l’état des finances publiques au nom de la sécurité, ou bien défendre une gestion transparente, même en période de tension ?

Ces échanges sont un véritable révélateur politique. Au-delà de la gestion comptable, l’affaire Cunor souligne les rapports de force internes à la Confédération. Echned, désormais porte-parole du très discret Conseil des XII, se retrouve en position centrale, tandis qu’Orgetorix manœuvre en arrière-plan, coffre en main. À Grandson, Fribourg et Sion, c'est le silence qui domine.

Mais il ne s’agit plus seulement de savoir où sont passés les thalers de Cunor. La question désormais est plus vaste : comment la Confédération entend-elle gérer ses ressources, sa transparence, et les tensions internes qui l’habitent, alors même que l’essoufflement démographique gagne du terrain à l’Est du Röstigraben et presque partout ailleurs ? Ce tassement silencieux, nourri par une gouvernance peu inspirante, contraste fortement avec la vigueur presque insolente de Genève et de ses marges.

Là-bas, la vie fourmille. On y croise des traînes-rapières volubiles, des brigands polyglottes, des condottieres à l’éthique variable et des princesses en culottes courtes — toute une galerie prête à en découdre, à intriguer, à négocier, à vivre, tout simplement. Dans cette dynamique déséquilibrée, certains voient le reflet d’une Confédération à deux vitesses : d'un côté, des bastions figés dans la prudence ; de l’autre, des places fortes agitées mais vivantes, où l’incertitude vaut mieux que la torpeur.

Les thalers de Cunor, après tout, ne sont qu’un miroir : ils reflètent bien plus que des écus égarés. Ils révèlent des choix politiques, des lignes de fracture, et peut-être même une vision ou son absence. Une chose est sûre : la saga n’est pas terminée. Elle ne fait que commencer.


Petit Ricolas pour l'AAP agence des terres au Milieu.

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