Nancy (AAP) - Il est des temps où les masques tombent, où les créatures de l’ombre, trop longtemps nourries de complaisance et de silence, révèlent leur vrai visage. C’est ce qui advint en notre Lorraine, Duché noble et tourmenté, dans la nuit du 28 au 29 de ce mois, lorsque Messire Clovis, maire de Toul, homme à l’ambition d’autant plus vorace qu’elle se cache sous les haillons de la vulgarité, osa dresser une armée sans le moindre avis ducal, sans même feindre la déférence due à son Souverain.

Clovis, que l’on savait déjà davantage scorpion que serviteur, a franchi le seuil de l’indignité. Sous prétexte de défendre une cause, dont il serait en vérité le seul juge et bénéficiaire, il osa lever les armes contre le Trône, se prévalant d’une légitimité qu’aucune élection, qu’aucune charge, qu’aucun serment n’a jamais consacrée.

Averti de cette sédition larvée, Son Altesse le Duc de Lorraine, William du Châtelet-Haraucourt, prince sage, ferme, plus attaché à l’ordre qu’aux intrigues, le somma avec hauteur mais sans emportement de dissoudre sur l’heure cette armée irrégulière. La réponse du traître fut une abomination, une infamie comme on en lit dans les chroniques des âges barbares :

« Les Scorpions n'ont pas besoin d'autorisation pour faire une armée et virer ton cul du trône... Tu as 24 heures pour faire ton baluchon et rendre le trône afin qu'un vrai Duc prenne ta place. »

Tel fut le langage de Clovis. On se fût cru dans quelque taverne mal famée, parmi les coupe-bourses et les valets de ruelle, tant le ton trahissait la bassesse d’âme. Car enfin, ce n’est pas là la parole d’un gentilhomme, ni même celle d’un rebelle de qualité, mais d’un factieux ivre de lui-même, que l’esprit de corps, celui des Scorpions, sinistre faction aux manières de ligue, pousse à s’imaginer législateur et justicier.

Aussi le Duc, fidèle à ses devoirs autant qu’à l’honneur ducale, le déclara sans détour : Clovis est traître. Déchu de sa charge d’Amiral, il est désormais proscrit ; son armée sera dispersée comme celle d’un brigand, et tout soutien qu’on oserait lui prêter, fût-ce en silence, sera traité comme complicité dans la félonie.

Cette affaire, qui pourrait paraître n’être que le soulèvement d’un esprit brouillon, révèle un mal plus ancien, plus profond : la tentation du pouvoir par le clan, l’idée perverse qu’un groupe, dès lors qu’il est soudé, pourrait s’ériger au-dessus des lois, et substituer ses volontés aux volontés du Peuple et du Trône. Ces Scorpions, que l’on nomme ainsi par excès d’image mais point d’exagération, veulent un Duché à leur mesure : petit, rusé, venimeux.

Mais la Lorraine, elle, n’est point faite pour ramper. Et si la parole ducal n’est pas toujours flamboyante, elle est juste, ferme, et seule source légitime de commandement. Que cela soit su de tous, et que ceux qui auraient rêvé de régner sans couronne comprennent ceci : on ne renverse pas un pouvoir établi par les urnes avec des injures de corps de garde.

Que Dieu garde la Lorraine de ses ambitieux, et que la mémoire de ce jour instruise les siècles.

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Etienne Berne pour l'AAP agence des terres au Milieu.

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