Genève (AAP) - Oyez, oyez, vous âmes du vaste monde ! Que les vents de Neptune vous portent cette nouvelle, sombre et grondante, comme un tonnerre au-dessus des flots : un vaisseau d’Albion, noble et paisible, a été précipité dans les abîmes par la furie d’un monstre vêtu de fer et de feu.

Le navire, que l’on nommait The Clover Current, vogua sans crainte ni soupçon sur les eaux traîtresses du golfe de Gascogne. Mais hélas ! Surgit soudain la Murène, nef de guerre terrible, toute d’acier bardée, barrée par la main ferme d’une dame non moins fameuse que redoutée : Capitaine Cœur avec sa moitié célèbre, Hildegardeii de Genève, que d’aucuns nomment Bombasse du Léman, d’autres, Sicaire du Lion de Juda, mais que la mer, elle, appelle simplement la Mort et demie.

Elles vinrent sans héraut ni tambour, et d’une volée d’éclairs, jeta le Clover en pâture aux abysses. Nul ne put fuir, nul ne fut épargné car, dit-on, les canons de la Murène sont comme la colère divine : ils frappent sans prévenir, et ne ratent jamais leur cible.

Parmi les âmes englouties, une rumeur, plus vive qu'un cri de marmotte, évoque la présence d’une princesse anglaise, rose de sang royal, que les flots auraient prise pour amante. Son nom n’a point été révélé, mais à la cour anglaise, les visages sont pâles, et les poings crispés.

La perfide Albion, outragée, menace de venger l’offense. Déjà l’on arme des flottes, déjà l’on convoque les seigneurs de la guerre. Mais Hildegardeii, l’auguste fléau, n’en a cure. À qui l’interroge sur cet acte hardi, elle répondrait, dit-on, d’une voix claire : « Que les cieux soient juges, et la mer, mon champ d’honneur. Qu’ils viennent donc, si leur cœur le leur permet. »

Et ainsi vogue la Murène, fendant les vagues comme un glaive fend l’air, libre, insolente, invincible. Que les dieux aient pitié des suivants.

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Guillaume Remuepoire pour l'AAP agence des terres au Milieu.

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