Genève (AAP) - Il est trop de gens qui, frappés d’une sentence, passent leur temps à crier que le monde est injuste, au lieu d’user des règles que les lois mettent pourtant à leur disposition. Car la justice n’est pas rendue au gré des lamentations, mais selon la forme et la mesure des ordonnances. Ils en est d'autres qui, pis, se taisent et ruminent leurs humeurs.

Or, il se trouve que nombre de contestations s’élèvent contre le fond du jugement, là où il ne fallait regarder que la forme. Une amende qui excède les limites fixées par les articles doit estre attaquée en bonne et due manière, et non par plaintes vagues. Une peine de mort prononcée sur un personnage en retraite ou en retranchement doit estre signalée, afin que les autorités légitimes y pourvoient. Telles sont les vraies armes que la loi met en main des justiciables, et non pas les clameurs stériles dont on inonde les places publiques.

Il est certain que la charge de se plaindre appartient au condamné luy-mesme. Mais il ne seroit point superflu qu’un corps d’avocats, ou quelque compagnie de clercs, enseigne à tous la manière de se pourvoir justement, afin que nul n’ignore la voye légitime de son recours. Car user des procédures, voilà la force du sujet sage et résolu ; geindre au hasard, ce n’est que faiblesse et perte de temps. Chacun est averti : la justice ne se gagne point à grands cris, mais à juste droit, bien observé.

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Jean Bodin pour l'AAP agence des Terres au Milieu

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