Enirae a été élu maire de Toul. Il recueille la majorité des suffrages exprimés. 1. Enirae : 100%
01/11/1473Lorraine, tu l'aimes ou tu la quittes
Nancy (AAP) - En Lorraine, on ne quitte pas le navire. On s’installe sur le pont, on peste contre le capitaine, et on attend que le bateau coule pour pouvoir dire : “Je l’avais bien dit.” Le référendum sur la nouvelle Loi Fondamentale ? Adopté à 10 voix contre 2, avec la ferveur d’une messe de 8h un lundi de pluie. Et pourtant, personne n’a plié bagage. Ici, on râle, mais on reste, question de principe, ou d’habitude.
Le texte, fièrement annoncé comme “entièrement réécrit”, garantit la liberté de circuler, de commercer, de s’associer, voire de lever sa propre milice. De quoi donner des idées aux nostalgiques du glaive et du heaume. Mais ne vous y trompez pas : en Lorraine, la liberté s’arrête là où commence la susceptibilité du Duc. Un mot de travers, et vous êtes “poutré” (c’est le terme local pour dire “remis à sa place à coups de règle en fer”). Le tout, évidemment, “dans l’esprit d’équité”.
Merveilleusement, comme le voisin badois, le duché ne se vide jamais mais c'est juste qu'il s’évapore lentement. On annonce encore 90 habitants. En réalité, 90 noms sur le papier, 20 présents à la taverne, et 5 qui font tout le boulot. Les autres ? À la retraite, mais sur place : ils ne partent pas, ils “prennent du recul”. C'est que c'est une spécialité régionale : l’expatriation immobile. Pendant que d’autres vont chercher fortune à Kalmar ou ailleurs, les Lorrains préfèrent méditer sur leurs ruines, avec un verre de mirabelle à la main et une plainte à portée de langue.
C'est que c'est gens là ont le patriotisme assis. Car attention : râler, ici, c’est une forme d’amour. Chaque grognement, chaque pique, chaque sermon est une preuve d’attachement viscéral au duché. On critique tout : le Duc, les nobles, les lois, le climat, les absents, mais personne n’imagine vraiment partir. L’appel du large ? Très peu pour eux. La seule traversée qu’on envisage, c’est celle du salon au poêle à bois.
Quand “L’Agitateur” a publié sa charge funèbre contre “les cancéreux du pouvoir”, la réaction fut immédiate : “Minable !” “Rat d’égout !” “C’est facile de critiquer !” Personne n’a proposé mieux, mais on s’est senti obligé de répondre. En Lorraine, la révolte se pratique à la plume, jamais à la valise.
Demain, on relira la nouvelle Loi, on dira qu’elle ne change rien, pis ! qu’elle est mal faite, mais que les autres sont pires. Puis on ira quand même un peu voter, “pour voir”. Parce que, râleurs oui, mais déserteurs jamais. La Lorraine, c’est comme un verre de lait qui sort du pis : on se plaint qu’il est imbuvable à vomir, mais on le finit quand même, parce que c’est le nôtre.
Meloir a été élu maire de Epinal. Il recueille la majorité des suffrages exprimés. 1. Meloir : 100%
22/10/1473Lorraine, comme un bon vin de Moselle, se boit, mais ne se garde pas
Nancy (AAP) - En cette année de grâce 1473, la Lorraine, ce fier duché « façonné par l’histoire de l’Empire de Charlemagne », se pare d’une nouvelle Loi Fondamentale, « entièrement réécrite » avec des modifications « mineures » en rouge, pour mieux voir le sang séché des vieilles querelles. Mais à quoi bon graver des principes dans le marbre quand le duché se vide comme une auberge après la peste ?
Car oui, mes bons seigneurs et damoiselles, la Lorraine ne compte plus que 90 âmes, à peine de quoi remplir une grand-salle. Et pendant ce temps, la Couronne de Cleje, autre joyau du Saint-Royaume Impérial Nobiliaire Germanique, n’a plus que 16 habitants. Un accident ? Non, un présage.
La nouvelle Loi Fondamentale clame haut et fort la liberté : liberté de circuler, de commercer, de s’associer, même en groupes armés. Une milice lorraine ? Pourquoi pas, après tout, quand les routes sont infestées de brigands et que le Conseil Ducal a besoin de bras pour tenir ses promesses.
Mais attention, braves Lorrains : votre liberté s’arrête « là où commence celle des autres ». Si votre bande armée dérange le Duc ou ses obligés, gare au poutrage (un terme local pour désigner un passage à tabac en règle, ndlr). La justice, elle, se veut « équitable », mais si un juge abuse de son pouvoir, il risque… d’être exclu du Conseil. Une sanction à la hauteur des crimes, visiblement.
Et pour couronner le tout, la Lorraine se réserve le droit de « choisir son destin » sauf si un suzerain, lié par les serments In Gratibus, en décide autrement. La démocratie, version 1473 : on vote, mais sous l’œil du seigneur.
Le Duc, élu In Gratibus (encore lui), cumule les trois pouvoirs : il gouverne, légifère et juge. Un vrai petit roi, tempéré par une Cour Suprême qui peut le censurer. Et si le peuple vote sous la menace d’une épée ou d’un serment forcé ? Qu’à cela ne tienne, la Cour a le droit de « condamner le résultat » et d’appeler à la révolte légitime. Une rébellion autorisée, en quelque sorte.
La Chambre de la Noblesse, elle, veille jalousement sur ses privilèges. Les nobles ne sont pas des « serfs corvéables à merci », nous dit-on. Tant mieux, il y a bientôt plus d'Aristocrates en Lorraine que de roturiers. Quant au Monarque impérial, il a le droit de grâce, de lever son ban, et de juger ses vassaux.
Le texte martèle que « la communauté lorraine est la seule propriétaire de tout pouvoir ». Sauf que cette communauté, justement, s’évanouit. 90 habitants, on se demande bien qui il reste pour la défendre. Les modifications, « mineures », sont des pièces rapportées sur une armure rouillée. La Lorraine s’étiole, et ses seigneurs réécrivent la Loi comme on répare une bannière trouée.
La tonalité de cette communication ? Un mélange de solennité et de résignation. On parle de convulsion d’agonie, de sursaut salvateur qui n’en est pas un, et d’un duché en voie de devenir un fief fantôme. Les modifications sont mineures, mais le diagnostic est sans appel : la Lorraine est en sursis. Requiescat in pace ?