Bruges (AAP) — La mort du roi Azharr n’a point éteint la flamme de la guerre, mais attisé un tumulte plus noir encore. Zulma Première, héritière du trône, porte une lourde couronne de promesses et de craintes. Son sceptre, posé sur un trône sans fondations, peine à rassembler ces clans sans frontière, fiers, plus prompts à défendre leur fief qu’à répondre à l’appel de l’unité. Car aujourd'hui, les tambours de guerre résonnent à nouveau. Les barons d'ici, condottieres, mercenaires de là aux lames de fer achetées par l’or, sont rappelés en renfort : leurs serments sont légers, mais, pour un juste prix, ils peuvent devenir redoutables.

Car le royaume de France, tout comme l'Empire, tout entier tangue et chavire dans l’ombre d’une féodalité sans État : chaque comté et chaque duché, microcosmes autonomes, s’agrippent à leurs alliances aussi fragiles que des flocons emportés par le vent. Les frontières ne sont que des traits sur des parchemins, sans existence dans les cœurs. Ici, un seigneur prête serment pour une nuit ; là, un autre vend son épée pour une bourse d’or. La loyauté vacille au gré des humeurs, et la Couronne n’est plus qu’un nom murmuré aux festins ou crié au fracas des armes.

Au large, l’ennemi irlandais se profile en un bloc uni et implacable. Vingt-huit caraques de guerre dit-on, chargées de gueules dentée et baveuses jusqu’à la déchirure, prennent la mer sous leurs voiles sombres. Ces navires, coffres flottants de fer et d’acier, n’apportent ni négociations ni clémence, mais la promesse d’un siège méthodique et de forteresses tombant les unes après les autres.

Leur dessein est clair : briser toute résolution à coups de boutoir, soumettre chaque château récalcitrant, sous le joug de procédures vengeresses. Les baillis, modestes gardiens des trésors et des lois, verront leur sort scellé devant des tribunaux inspirés des praxis napolitaine et siennoise puisque c'est ainsi que l'on traite leurs affidés dans l'Empire. Protéger un coffre, dresser un mandat pour sauver quelques deniers est un crime punissable par une amende cruelle — dix pour cent du butin en dîme — suivie de la pendaison des comtes et ducs, selon une jurisprudence où justice et revanche ne font qu’un.

Ainsi défilent des royaumes sans Etat, des clans ivres d'honneurs et d’ambitions, des vents de guerre secouant l’âme des cités, et un chœur de condamnés balayant l’espoir. Les passions s’enflamment, et la vengeance tisse son linceul. Et pendant ce temps, votre champ de maïs pousse tranquillou, mais n'oubliez pas : le champ est le maître, l'homme est son invité.

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Guillaume Remuepoire pour l'AAP agence des terres au Milieu.

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