Southwark (KAP) — Or donc, le doux mois de mai, las et sans hâte, s’étire paresseusement sur les vastes terres de nos royaumes, tel un chat alourdi de soleil qui refuse de bondir. Et sur ces plaines, où jadis grondaient les ambitions humaines, les légumes, créatures muettes de la terre et non point habitants du Royaume germanique, croissent en silence, indifférents aux clameurs des femmes, leurs récits bâillonnés, étranglés par la bile noire, par cette farce nommée « secret défense », dont chacun rit tout bas, car dans les guerres des clans, chaque main trempe dans deux encres.

Mais voilà qu’à l’Occident — là où les vents de la mer Océane viennent gifler les falaises du silence — s’élève un soupir, un souffle, un murmure d’épopée. Il est faible encore, mais tenace comme la braise sous la cendre. Là, quelques clans, farouches et hardis, refusant de se vautrer plus avant dans le sommeil des illusions se sont levés. Leur serment : raviver la flamme. Non pas pour jouer — mais pour écrire une légende.

Car la guerre à venir, prenez garde, ne sera pas escarmouche de saltimbanques : elle sera mémoire, elle sera Histoire. Mesdames et Messieurs, nobles dames et preux gentilshommes, en ce jour, que la lumière du soleil incline sa course paisible vers l’occident, qu’il vous soit porté un fragment de nouvelle — chose rare en ces temps d’attente. Et maintenant, entendez les paroles de Justinien, messager de gloire :

« En la date du treizième jour de mai, la flotte à notre bannière a livré bataille — et quelle bataille ! — contre les derniers souffles de résistance de la marine française. Là, aux portes du fleuve Loire, s’est dressé le Grand Amiral Miramaz, telle une lionne blessée tentant, en son dernier sursaut, de défendre ce qui pouvait l’être encore des côtes de sa patrie.

Mais hélas ! le destin fut cruel, et le sort, tranchant. Le combat tourna à la boucherie. Trois nefs de guerre, robustes cogs, furent envoyées par le fond, suivies de près par la grande caraque de l’Amiral lui-même, et ce sans que nos propres rangs ne connussent la perte d’un seul vaisseau.

Ainsi, le compte s’élève désormais à trente navires ennemis engloutis par les flots, contre nul des nôtres. Jamais, non jamais, mémoire d’homme n’aura vu victoire plus sanglante et inégale sur mer. »

À lire : les tambours de guerre résonnent à nouveau


Guillaume Remuepoire pour l'AAP agence des Terres au Milieu

Pour réclamer un droit de réponse - la KAP internationale