Genève (AAP) - Aux jours jumeaux du vingt et du vingt-et-un octobre, la mer du Languedoc gémit comme bête blessée sous les assauts d’une armada surgie du brouillard du nord en passant de Charybde en Scylla : les voiles noires des clans irlandais. Nulle trompette ne les annonça : ils vinrent comme à Porto, comme à Valencia, comme vient la nuit, irrésistibles et muets, et administrant devers eux non pas une bataille, mais une extrême onction.

Car voici le chapelet funèbre des navires sacrifiés à l’abîme, et avec eux les noms des capitaines qui commandèrent à l’heure de leur chute : « Geno L'écrevisse (Merer), Geno L'Obstinée II (Furyrouge), BC La Palourde mais de la Désolation (Yeshouah), Geno Ménestho (Filsix_du_val), Barge Saint Scrofule (Childerik), Geno La Narbonnaise (Amanita), Geno Babylon (Herakleia), Geno La Reine du Sud (Yulleonaur), Barge La Licorne (Alta), Geno Bergerare (Amiralda), BC La Bruixa (Clyde), Geno Caprice de Ceb IV (Socrate86), Geno Maya (Fildelin), MC Willy (Ghaldor), MCog Maritilde (Mull), Barge Le Maelis (Maelis_de_touraine), Geno La Libellule (Anthus_de_pannessac), Geno L'Orchidée (Kataleya), Geno Mon Evidence (Garance_de_grimaud), Geno Opoponax (Leely), Geno La Capucine (Nina..mejai), Barge Sirène Sauvage (Jm18), Geno 7th RisingLight (Shidra), Barge La Louve du Rhône (Cerise375), Barge La Nina2 (Quinquin). »

Ainsi périt en quelques jours ce que d’ordinaire une guerre consume en un an.

Face à l’effroi du peuple et à la stupeur des ports, le Comte du Languedoc prit la parole. Mais ce ne fut point une parole de deuil : ce fut un rire, plus tranchant que l’épée, un rire qui dégouline de sel et d’amertume. Voici ses mots, tels que rapportés : « Nous nous demandions comment chasser ces bateaux-moules qui encombraient nos ports… Eh bien voilà, c’est fait ! Et sans que ce soit moi, ni le Conseil, qui ayons donné l’ordre ! Les propriétaires malheureux seront exonérés de surtaxe, et les taxes en retard seront annulées. Vous nous avez retiré une épine du pied ! »

Par ces phrases feintes légères, chacun comprend : le Comte Bentich ne se réjouit point, il dissimule le désastre sous l’ironie, tel un homme qui cache une plaie sous un pansement de mots. Car le silence de la mer est plus éloquent que mille hérauts. Les quais sont désormais vides de leurs coques, mais pleins de murmures. On dit que les marins du Languedoc refusent de lever l’ancre, que les marchands se signent en passant devant la houle, et que chaque cloche sonne non pour saluer le vent, mais pour conjurer la Sombre Flotte qui règne désormais sur l’écume.

Car l’on sait, ce désastre n’est pas fin, mais prélude. Et le Comte, dans son rire bleu, l’a bien compris.

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Guillaume Remuepoire pour l'AAP agence des Terres au Milieu

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