Genève (AAP) — Qui oserait encore dire qu’il ne se passe jamais rien en Suisse ? Depuis plusieurs jours, la Confédération helvétique est secouée par une série d'incidents mettant aux prises des citoyens genevois et « lausannois », dans un climat de méfiance et de colère qui rappelle les vieilles querelles entre cités suisses.

L'affaire débute par une succession de vols et d’agressions sur les routes romandes, culminant dans un incident survenu dans la nuit du 5 au 6 mai, au cours duquel le port de Lausanne a été indirectement touché par une opération militaire genevoise. En ligne de mire : un certain Prag, accusé de piller les routes helvétiques depuis des semaines. L’armée genevoise, mobilisée pour l’intercepter, a également agressé un groupe de voyageurs transportant un mandat crucial pour les travaux du port lausannois. Un coup dur pour le canton de Grandson moribond, déjà affaibli par des tempêtes, les retraites en cascades de ses édiles et des retards de chantiers.

Aliénore, chef de port de Lausanne, monte au créneau dans un message véhément adressé aux autorités et figures genevoises : « Trois fois, le port a été attaqué ! Par Hildegarde, par Kayte, et maintenant par une armée se disant justicière », écrit-elle, accusant Genève de « semer la terreur sur Lausanne ». Le mandat disparu contenait 33 stères de bois, 15 minerais de fer et 200 écus, éléments essentiels à la construction du port.

En réponse, Gianlupo, chancelier helvétique émérite et porte-parole autoproclamé des opérations genevoises, réfute les accusations de pillage délibéré et promet le remboursement des victimes innocentes, plaidant « la sorcellerie » pour expliquer la disparition mystérieuse du mandat. Il reconnaît l’erreur d’avoir frappé des non-cibles, mais nie toute malveillance.

Plusieurs citoyens de Genève, dont Malena et Clotiide, affirment avoir présenté leurs excuses et rejettent l’idée d’un complot organisé contre Lausanne ou Grandson. Pour eux, la cible était un voleur notoire, et Genève n’a fait qu’agir là où la justice tardait dans le silence assourdissant du conseil des XII uniquement éveillé par les esclandres d'Aliéonore et l'incurie des gouvernements des autres cantons.

Mais la situation s’enflamme avec une intervention particulièrement théâtrale d’iZaac Du Salève, figure polémique de Genève, qui se livre à une confession parodique et provocatrice : « Oui, c’est moi qui ai tout fait. Même le naufrage de la marine française. » Un aveu entre humour noir et pamphlet sarcastique qui enflamme davantage les esprits.

Au cœur de cette crise, se posent des questions lourdes sur la coordination militaire entre villes confédérées, le rôle des autorités de Grandson et Fribourg dans la prévention des pillages, et surtout la perception d’impunité entourant Genève. Tandis que « Lausanne » demande réparation et vérité sur la disparition du mandat, Genève se défend de toute action illégitime.

« Ce n’est pas Genève qui vole, ce sont des individus », martèle Clotiide. Mais pour Aliénore et d’autres, la nuance est mince : « Si Genève couvre, alors elle endosse.»

En définitive, l'absence persistante de gouvernement effectif dans les cantons situés à l’est de Genève entretient une impunité de fait dont profitent sans entrave les brigands qui écument la route entre Genève et Fribourg. Cette carence d’autorité n’est pas seulement une faiblesse administrative : elle est le fruit d’une démission politique, doublée d’un mépris manifeste.

Par leur attitude hautaine et méprisante, les édiles de Schwyz ont fini par dégoûter l'ancien avoyer de Grandson, l’évêque de Lausanne, et d’autres âmes de bonne volonté, qui se sont peu à peu retirés, laissant le champ libre à deux personnages silencieux, installés en lieu et place de véritables maires cantonaux. Totalement incompétents pour tout autre gouvernement que l’échange convenu de quelques mandats, ils seraient mieux à leur place dans l’appareil bureaucratique de l’Empire que parmi les Souverains d’une Confédération helvétique digne de ce nom.

Il est donc inimaginable dans ces conditions que la République de Genève, seule à agir, doive tolérer les menaces qui pèsent sur ses citoyens sur le territoire même de la Confédération simplement parce que ses partenaires refusent d’assumer leurs responsabilités. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sommes revenus à la situation d’il y a un an et demi : Genève est contrainte de se faire justice elle-même parce qu’on la méprise et qu’on l’ignore.

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Jean-Aristote Kaiser pour l'AAP agence des terres au Milieu

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